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ABSENCES
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- Beau de l'air -
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Pile : je mets les pieds dans les serpentsFace :
Pile : je mets les pieds dans les serpents
Face : j'ouvre
Trois : on crie au secours sous ma peau
Dehors : trois masques balancent leur squelette,
il y a de la fougue aux interstices de leurs os
et les hanches huileuses
et les faces hideuses
Contre : un fragment d'azur
Moi : boîte sourde
Ciel : quand s'ouvre, alors monte aux joues un follet
aux yeux verts
et noirs
Eteindre les mains nues
froides sous leurs enveloppes
et les zones plates des réunions
fondues
en une seule
partout tout se noie
et qu'importe
dis...
je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoirs
CIORAN